Notre expédition a répondu aux exigences du « kaïros ». Mais le « Kaïros » kezako ?
Tout d’abord c’est un petit dieu touffu de la mythologie grecque. Il est le dieu du temps opportun, qui se différencie de Chronos qui est le dieu du temps linéaire. Kaïros représente donc le temps qualitatif, là où Chronos serait le temps quantitatif. C’est sans doute à cause de cette différence que le terme « kaïros » s’est mis à qualifier une aptitude bien plus qu’une chose.
Il a donc fallu que l’on sache, nous autres « explorateurs », faire preuve d’adaptabilité pour nous rendre disponibles aux événements qui se sont présentés à nous. Parce que c’est ça le Kaïros, c’est la rencontre entre deux possibles : un moment avec une envie, un lieu et un espace avec une action. Trouver et provoquer le Kaïros est notre effort. L’attention et l’intuition sont nos guides. La passivité n’a pas sa place, mais l’autorité trop directive non plus ! Nous devons avancer modestement mais résolument, sans attente mais pas sans désir, afin de produire non pas une œuvre dans le temps mais « une seconde d’éternité »[1].
J. C-M.
[1] ROMEYER DHERBEY (Gilbert), La parole archaïque, PUF, Paris 1999, p. 11-12.