En tant qu’explorateurs artistiques dans un territoire indigène où le mythe et la réalité s’entremêlent jusqu’à ne former plus qu’une seule et même chose, c’est tout notre rapport à la fiction et à l’imaginaire qui va être mis à l’épreuve.
Dans un monde où cette frontière entre réalité et mythes est si poreuse, la place de l’artiste, dont la mission est de faire vivre la fiction, semble être celle de cet homme transfrontalier, de ce migrant des territoires du sensible qui crée du sens et de la connaissance à partir de ses sensations.
Car si l’artiste a un pouvoir, il est celui de transmettre par la fiction, de créer des mondes où l’imaginaire devient la porte vers la connaissance. Faire vivre la fiction, rendre vivant l’invisible, incarner la légende, toutes ces métamorphoses que l’on dit être poétiques, et même herméneutiques, et qui sont, semble-t-il, ce que l’artiste tente de faire, ne seraient finalement pas autre chose que ce que tout indien sait depuis toujours : que le réel et le mythe ne font qu’un, que l’invisible permet de révéler le visible et que la fiction, bien loin de nous écarter de la réalité du monde qui nous entoure, nous permet, grâce à l’artiste, de nous réapproprier nos vies et notre rapport aux choses.
Julie Cloarec-Michaud